La situation sécuritaire au Sahel s’est fortement détériorée au cours de ces dernières années. Cette situation va mettre à mal plusieurs secteurs d’activités dont celles des industries culturelles et créatives. Des acteurs aux organisateurs,  elles sont nombreuses ces personnes qui croupissent sous le joug de cette crise sécuritaire. Le secteur culturel subit de plein fouet les conséquences de cette crise sécuritaire qui se traduisent par un ralentissement de l’activité culturelle, notamment l’annulation de plusieurs évènements et manifestations à caractère culturel, les fréquentes fermetures des espaces de création-diffusion, la désaffection du public des espaces de diffusion. Dans la dynamique de cerner les enjeux de cette crise sur le secteur, nous avons échangé avec Fousseyni Diakité, un entrepreneur culturel et social malien. Avec lui, il était question des enjeux de la Culture dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.  Lisez !

Présentez-vous à nos lecteurs

Fousseyni Diakité : Je suis économiste de formation, Plasticien-designer autodidacte et Consultant en stratégie de communication sur les nouveaux médias je suis un jeune entrepreneur culturel et social. Je suis le président du Groupe Walaha, un groupement de jeunes et de structures œuvrant à rallier l’économie numérique et la culture autour des projets à fort impact économique et social pour les jeunes. Je suis l’initiateur et le directeur artistique de “Walaha Web TV”, du festival AG’NA (Ciné à dos + le Festival au désert), de l’Université de Vacances organisée désormais par l’Incubateur et l’Espace de Coworking “LAB-TaP” dont le Groupe Walaha est le promoteur. J’ai été le président du Réseau Kya/ Arterial Network Mali pendant 5 ans. Mais, j’ai cédé la présidence à une année de la fin de son 2e mandat pour s’occuper de l’organisation de l’ensemble du secteur avec toutes les faitières de la culture au Mali. Il a été membre du comité de pilotage d’Arterial Network et représentant la région Afrique de l’Ouest et trésorier de la même organisation panafricaine des acteurs et organisations culturelles. Je fais désormais partie du réseau des jeunes acteurs culturels du Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM), une organisation intergouvernementale qui se consacre à la préservation du patrimoine culturel dans le monde entier. Je suis fréquemment sollicité par le gouvernement malien et des institutions culturelles pour des études d’impact dans le secteur de la culture et la mise en œuvre de projets culturels. J’ai été récemment élu président du Réseau KURUNI, le collectif des centres et complexes culturels du Mali.

Présentez-nous votre festival

Ag’na, est l’association de deux festivals et se veut un nouveau genre d’événements magiques et à très grands impacts économique et social. Le Festival au désert apportant toute son expertise et la culture du nord du Mali s’associera à ‘‘Ciné à Dos’’ qui apporte à cette association l’aspect numérique et digital au travers du volet cinéma, des créations et diffusions d’œuvres d’arts numériques, mapping et installation numérique. Une compétition internationale de films africains et de la diaspora est organisée avec l’octroi de différents prix qui récompensent les meilleures réalisations cinématographiques.

Quel bilan faites-vous de la dernière édition ?

Le bilan de cette dernière édition est la satisfaction humaine et entrepreneuriale de voir un enfant de 4 ans issu du mariage entre le Festival « Ciné à dos » et le « Festival au désert », devenir l’une des plus grandes rencontres culturelles au Mali et dans la sous-région avec plus de 45.000 festivaliers reçus.

Cette satisfaction, au-delà de l’aspect économique pour les organisateurs se traduit par l’impact social et économique que l’événement a sur la ville de Koulikoro. Je suis un entrepreneur culturel donc un entrepreneur social, qui a pour objectif de développer des projets à fort impact sur les communautés. Le festival AG’NA a réussi ce pari en quatre années d’existence dans la ville de Koulikoro. Étant l’un des principaux outils du programme de marketing territorial du Groupe Walaha pour cette ville de la 2e région du Mali, nous ne pouvons qu’être fiers des accomplissements réalisés par le festival depuis son lancement.

Ce bilan est toutefois mitigé à l’interne, en ce sens que jusqu’à présent, le gouvernement et les partenaires n’arrivent pas à saisir cette opportunité qu’offre AG’NA comme étant un vrai outil de développement local et inclusif et une vraie plateforme de renforcement de la cohésion sociale entre les peuples. Je déplore cet état de fait, car jusqu’à présent, le festival ne reçoit pas assez de fonds, de subventions ou sponsoring, pour son organisation. Ce sont les deux structures organisatrices, le Groupe Walaha et Essakane Production qui financent jusqu’à présent le festival dans une grande partie de son budget.

A sa 9e édition, « Ciné A dos »  s’est associé au festival au désert pour donner naissance à un évènement dénommé “Ag’Na”. Pourquoi ce changement ?

Le festival « Ciné A dos » a existé pendant 9 ans, et c’était itinérant jusqu’à ce qu’on arrive dans la ville de Koulikoro. Dans cette localité, on a détecté un espace que les gens appellent plage mais en réalité, c’est une île au beau milieu du fleuve Niger. Nous y avons donc installé le festival et c’est 4 ans après que nous avons invité le « festival au désert ». Quand il est venu, il y a eu une connexion. C’est là que les discussions ont été lancées sur une éventuelle collaboration. En 2019, on a donc fait un festival essai ou le festival Ciné A dos a réussi à accueillir le festival au désert pour une édition que l’on a appelé une édition hybride. Notre structure « Walaha » aime beaucoup collaborer avec d’autres organisations. Dans tout ce qu’on fait, on s’efforce toujours pour ne pas être seul. Le  festival Ciné A dos était déjà installé dans la ville de Koulikoro qu’on avait inscrit dans un programme global pour la ville que l’on appelle « le marketing territorial », l’un des programmes que l’on mène dans les différentes localités du Mali. Cette association avec le Festival au désert a aussi accentué la visibilité parce que l’un des objectifs principaux du programme de marketing social, c’est l’attractivité

Malgré la situation sécuritaire, les deux grands festivals sont arrivés à créer ce grand évènement. Est-ce que “Ag’Na“ essaye de passer le signal que la culture peut être un vecteur fort pour le retour de la paix, un souhait tant désiré par les Maliens ?

L’idée de réunir un festival du Nord du Mali et un autre du Sud  est d’amener les populations de ces deux blocs géographiques du Mali à se retrouver sur un seul site. Cette action est une contribution à la cohésion sociale. Parce que le problème principal du Mali, c’est qu’il est vaste. Donc les gens ne se rencontrent pas toujours. Ce qui constitue l’un des motifs de cette crise sécuritaire qu’on a au niveau du centre et du Sud et qui se généralise maintenant. Voilà pourquoi, nous positionnons le festival “Ag’Na“  comme l’un des outils forts et impactant pour la cohésion sociale entre les peuples maliens et même au-delà du Mali avec toutes les communautés de la sous régions qui ont les même problèmes que le Mali et qui se rencontre, sur le même site du festival, l’ile désert de Koulikoro. La culture est un vecteur pour recherche de la paix et surtout un outil de consolidation de la paix. Parce que c’est de la culture qu’on a des instruments que l’on peut interroger en fonction des différentes communautés pour résoudre les différentes crises. C’est vrai que les armes et tout ce qui a été importé comme technique de l’Europe, peut y contribuer. Mais cela ne marche pas toujours parce que comme je le dis tout le temps, la culture est une question de gêne. C’est donc en fonction de notre milieu de vie, c’est en fonction de nos réalités que l’on peut nous-mêmes  trouver des instruments que l’on a en Afrique pour résoudre les différentes crises que l’on voit un peu partout en ce moment. La culture est un véritable outil pour la recherche et la consolidation de la paix.

Depuis quelques années, le Burkina Faso et le Mali traversent une crises sécuritaire. Quel est l’impact de cette crise sur le secteur culturel ?

La culture est transversale et de ce fait, à chaque fois qu’il y a une crise, qu’elle soit sécuritaire ou sanitaire comme on en a vues avec la pandémie à Coronavirus, l’un des secteurs les plus touchés c’est la culture. La culture parce que c’est l’un des secteurs qui rassemblent le plus de gens. Donc à chaque fois qu’il y a des crises de ce genre, il y a des interdictions de rassemblement. Comme le secteur de la culture dans les programmes de nos pays est relégué au second rang, à chaque fois qu’il y a des crises, ses fonds sont réorientés vers d’autres secteurs. Ce qui est dommage parce que si les dirigeants comprenaient l’importance de la culture, ils sauraient que ce n’est pas seulement les armes qui peuvent résoudre ces conflits. L’exemple frappant, c’est le Festival “Ag’Na“. En espace d’une semaine, tous ces peuples qui se font la guerre au Mali se retrouvent sur le même site. Dans cette dynamique, il y a des partenariats qui se créent. Il y a des fraternités qui se créent. Cela veut dire que nous contribuons énormément à la cohésion, à l’avènement et la consolidation de cette paix. Pour parler de la situation actuelle de nos Etats et avec les différentes décisions de nos autorités gouvernementales, cela a porté un coup au secteur de la culture. Ce qu’il faut aussi savoir, c’est que nos Etats n’ont jamais pu véritablement financer le secteur de la culture. La plupart des acteurs culturels ont donc des partenariats, des subventions et même des contrats avec des organisations internationales qui les aident à tenir le peu qu’ils font en termes d’industrie culturelle et créative. Avec la crise actuelle, tous ces portefeuilles sont fermés. Cela veut dire que l’impact est catastrophique pour les acteurs.

Le secteur culturel subit de plein fouet les conséquences de cette crise. Comment les acteurs et promoteurs culturels arrivent-ils à surmonter cette situation ?

A vrai dire est-ce que nous arrivons à nous en sortir ? Parce qu’un acteur culturel est aussi un entrepreneur social. Cela veut dire que nous avons aussi notre contribution à faire pour la résolution des problèmes les plus urgents. Et les problèmes les plus urgents en ce moment, c’est la question sécuritaire. C’est aussi notre vocation, notre rôle de contribuer à la résolution de ces problèmes. Pour cela, de manière très difficile, nous essayons tant bien que mal de mener des activités pour honorer notre engagement en fonction du rôle que l’on a dans la société. Cela veut dire que les acteurs culturels s’endettent pour ceux qui organisent des festivals pour pouvoir tenir des activités. Sinon, il y a beaucoup d’évènements culturels qui sont en arrêt. A travers notre activité, c’est notre rôle de montrer qu’il n’y a pas de problèmes entre les Maliens eux-mêmes, mais qu’il y a des esprits faibles qui se font manipuler par d’autres puissances et qui prennent des armes contre leurs propres frères. En nous efforçant de tenir des activités comme “Ag’Na“, où les gens se rencontrent directement pour parler,  et découvrir qu’ils ont des liens entre eux, cela contribue à apaiser les cœurs.

Hormis la question sécuritaire, quelles sont les difficultés majeures que vous rencontrez ?

Les difficultés que les acteurs culturels rencontrent sont la mauvaise application des politiques cultuelles dans nos différents pays. A vrai dire, il y a des politiques cultuelles, mais leurs mises en œuvre posent problèmes. Et quand les politiques cultuelles dans un pays ne sont pas organisées comme il le faut, ça va dans tous les sens. Cela veut dire que les droits des organisations cultuelles ne sont pas suivis. Le développement des organisations ou industries culturelles ne se font pas comme il se doit. La plus grande difficulté, c’est la compréhension des autorités sur la valeur et l’importance de ce secteur pour qu’ils puissent mettre en place des politiques culturelles appropriées et aussi faire en sorte qu’il y ait une mise en œuvre des différents plans d’actions élaborés pour le secteur.

Quels sont les mécanismes à mettre en place pour relancer le secteur, quand on sait que la culture joue un rôle important dans la promotion de la paix et la cohésion sociale ?

Il faut que les premiers responsables qui sont à la tête de nos différents pays comprennent déjà l’importance de la culture. C’est vrai que cela est dit et même répété plusieurs fois. Maintenant, est-ce que c’est compris. Si c’est compris, il suffit juste de réorganiser le secteur de la culture. Précisément au Mali, si les industries culturelles et créatives sont bien organisées, c’est l’Etat même qui gagne parce que c’est un secteur qui génère des fonds  de façon naturelle. Parce que dans le cas du Mali, tous les jeunes diplômés qui sortent des universités et qui n’ont pas eu de point de chute professionnelle se rabattent d’office sur le secteur de la culture à travers l’auto emploi. Les mécanismes à mettre en place comme je l’ai dit plus haut, c’est d’avoir une politique culturelle adaptée, un plan d’actions suivi et mis en place, la formation des organisations et des acteurs culturels. C’est avec ce cocktail que l’on aura le financement nécessaire pour le secteur.

Comment peut-on combattre le terrorisme par la culture ?

Le rôle du terrorisme de façon simple, c’est de terroriser les gens. Alors que la culture c’est de mettre les gens en confiance, rassembler les gens. Donc depuis l’éclatement de la crise au Sahel et au mali en particulier, les acteurs culturels travaillent pour que les gens puissent prendre conscience des enjeux du terrorisme. Les acteurs culturels que nous sommes, pendant que les terroristes font de sorte que les gens aient peur de sortir de chez eux, nous, nous travaillons à mettre les gens en confiance. En organisant un évènement culturel et en tenant tête à ces terroristes, en ne laissant pas tomber nos différentes activités culturelles, nous arrivons à combattre le terrorisme par la résilience. Au-delàs de cela, la culture c’est aussi une création de synergie entre les gens. C’est ce qui permet aussi aux uns et aux autres de se découvrir. Je l’ai dit plus haut, l’un des problèmes majeurs au Mali, c’est que les Maliens entre eux ne se connaissent pas. Alors que l’outil le plus impactant pour que les gens puissent se rencontrer, c’est l’art et la culture. Comme nos Etats ne sont pas assez fort pour embaucher les jeunes diplômés, c’est la culture et le numérique qui leur offrent de façon naturelle l’auto emploi. L’un des facteurs du  phénomène terroriste, c’est qu’il arrive à enrôler des jeunes qui sont en déperdition, qui n’ont pas d’emploi et qui ne sont pas formés. Un jeune qui est formé et qui a un emploi, c’est sûr qu’il ne sera pas tenté de prendre des armes pour faire du banditisme. Donc, c’est à travers cela que la culture permet de combattre le terrorisme. En plus de cela, dans notre culture, il y a des instruments traditionnels que l’on a, qui nous permettaient, avant tout ce que nous avons aujourd’hui suite à la pénétration coloniale, de résoudre nos conflits entre nous. Et si c’est vrai que la culture est une question de gêne et que l’on ne peut pas s’en défaire, ce sera illusoire de notre part de vouloir trouver d’autres instruments de résolution de conflits  qui ne sont pas forcément de chez nous. Je crois qu’il faudrait mettre en place un mécanisme ou on ira puiser dans nos traditions, des moyens pour combattre ce terrorisme. Mais bien sûr avec l’appui d’autres instruments importés qui sont adaptés à nos réalités.

Vous parlez de culture, d’art et du numérique. Comment arrivez-vous à concilier ces 3 ?

Au niveau du groupe Walaha, cela fait longtemps que l’on a compris que la culture, l’art et le numérique sont des outils transversales. Dans les sociétés africaines contemporaines et avec la forte pénétration du numérique dans cette société, on ne peut plus rien faire sans ces outils. En tout cas, Ce sera difficile. La culture et l’art étant les aspects créatifs dans l’industrie culturelle peuvent être boostées par le numérique. Comme je le dis souvent lors de mes masters class, par exemple les outils ont démontré que le téléphone portable est la chose que l’on touche le plus dans la journée en dehors de notre visage. Si on arrive donc à concilier le secteur de l’art, de la culture et le numérique, cela ne peut que booster le secteur de l’industrie culturelle et créative.  Au niveau de Walaha, tout ce que l’on fait, on essaie d’associer les nouveaux outils de l’information et de la communication. A vrai dire, il n’y a pas à concilier ces 3 parce qu’ils vont ensemble en réalité. Avec l’avènement de la pandémie à Coronavirus, beaucoup de créations ont été possibles grâce au numérique. D’où les acteurs culturels ont compris que c’est l’un des outils les plus aptes à faciliter le travail qu’ils faisaient avant. A cela j’ajoute toujours qu’il faut de la formation parce que, que ce soit dans le domaine de l’art ou de la culture, on a besoin de formation  pour devenir une industrie, dans le domaine du numérique, il faut savoir comment l’utiliser.

Il se susurre de plus en plus l’idée d’une fédération entre le Burkina et le Mali. Les sceptiques pensent que cette idée relève de l’utopie. Quel est votre point de vue ?

Sur cette question de fédération entre le Mali et Burkina Faso, je n’ai pas de communiqué officiel sur le sujet. C’est vrai que j’en entends aussi par-ci par-là, mais pour moi, cela est bien possible. C’est toujours intéressant quand les gens se mettent ensemble pour travailler. Quand on se met ensemble, on est plus fort. D’où l’exemple de « AG’NA » pour ceux qui ne l’ont pas encore compris.

Comment est-ce la culture peut contribuer à cela ?

En fait la culture est le vecteur qui favorise la connexion entre les peuples. Avec la culture, c’est le cœur qui parle avec les autres en réalité. Cela va permettre de rassembler ces peuples à mon avis qui ont des similitudes par moment sur le plan culturel. Cela va permettre de booster l’industrie culturelle entre les deux pays parce que quand vous avez des similitudes et que vous les mettez ensemble, il n’y a pas de raison que le domaine ne se développe pas de façon exponentielle.

Votre structure était présente à la dernière édition du FESPACO. Comment avez-vous apprécié la tenue de cette édition dans ce contexte d’insécurité?

Personnellement, je n’ai pas pu y aller mais notre chargé des programmes y était. Les échos que j’ai eus en retour sont positifs et me permettent d’encourager les organisateurs. Cette édition, il fallait le tenir malgré la situation du pays. Comme je l’ai dit tantôt, c’est en tenant de tels rendez-vous de résilience que l’on arrive à tenir tête au terrorisme et tout ce qu’on a comme crises dans le Sahel.

En tant qu’acteur du cinéma comment appréciez-vous la programmation du FESPACO dans un contexte sécuritaire un peu difficile?

Je ne peux qu’apprécier la tenue de cette édition surtout en termes de programmation parce que cette année, il y avait plus de mille films qui ont postulé pour être sélectionnés au FESPACO. Le travail de sélection encore une fois d’après les échos, a été apprécié positivement par le public de façon général.

Un commentaire sur l’Etalon d’or de Yennega de l’édition du 2023 du FESPACO

Pour l’Etalon d’or de Yennega, c’est vrai que je n’ai pas suivi le film, mais j’ai eu des critiques auprès des gens en qui j’ai confiance. Il ressort que c’est un bon film à la fois sur le plan technique que sur la base du scenario. J’ai appris que c’est à l’unanimité que le jury a décidé que le film soit primé. Maintenant ce que  je peux ajouter et c’est même intéressant, c’est que le jury a choisi le film d’un Tunisien à ce moment bien précis parce que c’était à cette période que les Subsahariens étaient mal appréciés en Tunisie. Une situation qui a même occasionné des vagues de rapatriements de plusieurs centaines de Noirs de la Tunisie. En donnant à la même période le trophée panafricain du film à un Tunisien, c’était un signal fort même si le film le mérite. L’acte est très fort. Cela montre aussi que l’art et la culture vont au-delà des personnes avec leurs réflexions sur la division de l’Afrique.

Quels sont vos projets ?

Nous avons le programme phare de Walaha qui est le « Marketing territorial » et c’est ce programme que le Festival « AG’NA est inscrit pour a ville de Koulikoro. Ce programme on essaie de l’implémenter dans différentes localités du Mali, notamment à Tombouctou dans 3 localités. Nous le faisons dans des zones où les Maliens n’osent pas y aller, on permet aux populations de ces localités de mener des actions en se basant toujours sur l’art et la culture pour donner de la visibilité à leur localité, en formant les jeunes, en leur donnant de l’emploi pour qu’ils ne soient pas tenter de se faire enrôlés par les bandits armés. Il y a donc ce programme qui continue toujours et on va encore le développer et le mettre en place dans d’autres localités du Mali. C’est un programme de développement inclusif et local qui utilise les outils comme l’art, la culture, le numérique.  L’autre activité phare  après le festival ce sont les universités de vacances qui se présentent  un espace de formation et d’échanges. Depuis un bon nombre d’années que j’organise cette activité, on a un retour de 95% à l’emploi des jeunes qui participent à ces activités.

 Avez-vous quelque chose à ajouter pour clore cet entretien ?

Il faudrait savoir qu’à travers la culture, nous commençons déjà à travailler sur cette question de fédération entre le Mali et le Burkina Faso. Nous sommes très ouverts à Walaha pour des collaborations.

 

Interview réalisée par Ibrahima Kaliloullah (Le Quotidien)

By Ib_Z

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