Le programme de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) au CM2 prévoit un module intitulé “𝗽𝘂é𝗿𝗶𝗰𝘂𝗹𝘁𝘂𝗿𝗲” qui signifie “𝗹’𝗮𝗿𝘁 𝗱’é𝗹𝗲𝘃𝗲𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗷𝗲𝘂𝗻𝗲𝘀 𝗲𝗻𝗳𝗮𝗻𝘁𝘀”.
En soi, l’intention semble noble : préparer l’enfant à comprendre le cycle de la vie. Mais à y regarder de près, l’on se rend compte du paradoxe qu’il renferme.
𝗘𝘀𝘁-𝗰𝗲 𝗾𝘂’𝘂𝗻 𝗲𝗻𝗳𝗮𝗻𝘁 𝗱𝗼𝗻𝘁 𝗹’â𝗴𝗲 𝗲𝘀𝘁 𝗲𝗻𝘁𝗿𝗲 𝟭𝟬-𝟭𝟮 𝗮𝗻𝘀 𝗱𝗼𝗶𝘁 𝗮𝗽𝗽𝗿𝗲𝗻𝗱𝗿𝗲 𝗹’𝗮𝗿𝘁 𝗱’é𝗹𝗲𝘃𝗲𝗿 𝘂𝗻 𝗲𝗻𝗳𝗮𝗻𝘁?
Voulez-vous lui apprendre à être une domestique, une nounou?
Voulez-vous lui apprendre à être mère très tôt ?
Le chapitre de la puériculture enseigne à nos petits garçons et fillettes encore préadolescents :
– les signes d’une grossesse,
– les consultations prénatales,
– les précautions pour bien garder sa grossesse,
– l’alimentation du bébé,
– le calendrier vaccinal,
– les maladies infantiles,
– la composition de la layette du nouveau-né,
– et bien d’autres notions qui relèvent davantage de la parentalité que de l’enfance.
Et un an après, à l’entrée au collège, on s’étonne de voir certaines jeunes filles tomber enceintes précocement ! Mais comment s’étonner que l’enfant, à qui l’on a expliqué comment élever un bébé, veuille un jour en fabriquer un ? Tel un logiciel, on a motivé l’esprit de la fillette et du garçonnet à accepter la parentalité.
Le véritable problème n’est pas l’éducation à la vie, mais le décalage entre l’âge et le contenu, entre la maturité affective et les savoirs transmis. À force de vouloir tout enseigner, notre système éducatif finit par désorienter les esprits qu’il prétend éclairer.
Il est temps de repenser nos programmes, de les adapter à la réalité psychologique et sociale de nos enfants. A cet âge, il serait bien d’apprendre aux jeunes filles la gestion saine de leurs cycles menstruels et préparer les garçonnets à affronter la période d’adolescence.
Vive une réforme curriculaire courageuse, capable d’épurer les contenus indésirables pour donner de la place aux projets, à la conquête et à la domination du monde. Car, continuer à inculquer des contenus de tâcherons, des histoires dominatrices des autres et nous préparerons un peuple soumis qui courbe l’échine devant les autres peuples.
Jean Sylvanus Ouali






















