À l’occasion de la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations unies, le Premier ministre burkinabè, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a pris la parole pour défendre la position du Burkina Faso sur des enjeux cruciaux : souveraineté nationale, lutte contre le terrorisme et réforme de la gouvernance mondiale.
Souveraineté nationale et choix stratégiques
Dans son allocution, le Premier ministre a souligné le droit du Burkina Faso à l’autodétermination et à la liberté de choisir ses partenaires étrangers, sans ingérence extérieure. Il a explicitement défendu la vision portée par le Président de la Transition, le Capitaine Ibrahim Traoré, axée sur la reconquête de la souveraineté dans les sphères politique, sécuritaire, économique et sociale. Cette assertion s’inscrit dans une posture d’affirmation d’un Burkina acteur de son destin sur la scène internationale.
Selon les sources officielles de la Primature, M. Ouédraogo avait déjà, avant le discours, exhorté la délégation burkinabè à défendre « la vision et les choix assumés du Burkina Faso » à New York.
Sécurité, terrorisme et rôle de l’Alliance des États du Sahel (AES)
Abordant le contexte sécuritaire régional, le Premier ministre a appelé à une réponse internationale sincère face au terrorisme, insistant sur la nécessité de s’attaquer à ses sources de financement et à ses soutiens extérieurs. Il a mis en avant l’Alliance des États du Sahel (AES) — confédération formée par le Burkina Faso, le Mali et le Niger — comme un mécanisme endogène essentiel pour mutualiser les efforts de défense et de développement.
Dans son précédent discours aux Nations unies (PDF de la tribune), le Burkina Faso avait déjà expliqué que l’AES vise à être une alliance militaire de défense collective, tout en élargissant la coopération à d’autres secteurs prioritaires.
Notamment, lors du Sommet de Niamey en juillet 2024, les chefs d’État des trois pays ont signé le traité instituant la confédération AES, marquant le passage d’un pacte de défense à une structure institutionnelle plus large.
Gouvernance mondiale : appel à la justice et à la réforme
Le Premier ministre a critiqué l’ordre international actuel, le qualifiant de « système à deux vitesses » marqué par des inégalités persistantes. Il a appelé à la refondation des institutions multilatérales, notamment à l’ONU et au niveau économique, afin d’offrir une meilleure inscription aux priorités des pays en développement. Il a suggéré que l’Afrique soit mieux représentée aux instances décisionnelles, notamment au Conseil de sécurité, en s’appuyant sur les positions africaines comme le Consensus d’Ezulwini.
Il a dénoncé l’inaction de certaines puissances devant la dégradation sécuritaire du Sahel, accusant certains États d’ingérence et de contradictions diplomatiques, notamment en évoquant la France et des allégations sur des drones livrés à des groupes armés.
De plus, l’AES a annoncé son retrait du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI), affirmant que la CPI est devenue un « instrument de répression néocoloniale » imposant une justice sélective. Les trois pays comptent désormais recourir à des mécanismes de justice internes.
Enjeux africains et posture diplomatique
Au-delà de ces trois axes, le Premier ministre a rappelé l’importance d’une Afrique dotée d’une diplomatie respectée et d’une voix forte dans le concert des nations. Il a fait valoir que participer à l’ONU ne suffit pas si les décisions restent lettre morte. Il a insisté sur le respect de la souveraineté, des choix stratégiques et la nécessité de traduire les résolutions en actes tangibles dans les États membres.
La prise de parole du Burkina Faso a également été précédée d’une harmonisation des discours entre les Premiers ministres de l’AES, qui ont convenu de porter un message commun à la tribune de l’ONU pour défendre les intérêts sahéliens.






















